Par Isabelle Floc'h, galeriste

La Ralentie a retenu Anna Mindzenti Calisch. La force sombre de ses images est première, fondamentale et fait le socle de son exigeant travail. La nuit qu'elle convoque, bruissante de mouvements devinés, esquisses d'âpres et mystérieux combats muets, confronte. Elle nous met face à nos propres obscurités, à nos fixités sans lumières, aux sourdes pulsions qui nous traversent, et avec elle, pour dire Henri Michaux "La nuit remue". Entre peinture et photo, ses images se patinent d'un halo sombre, charbonneux et cendré où les corps baignent a demi consumés, à l'orée ou au sortir d'ultimes combats. Callish peint, elle s'inspire des photographies auxquelles elle redonne, grâce à l'huile, la densité et l'énergie dangereuse d'une vie retrouvée, tout aussi libre que négative, dont on ne sait l'issue, dont on ignore si reviendra l'aube. Ce qui produit, devant certaines images, un temps d'arrêt durant lequel on croit entendre le halètement des corps traversés par une violence sans nom.